En
1933, la toute nouvelle compagnie Air France a besoin de renouveler
sa flotte d'appareil. Les prometteurs Bloch MB220 et Dewoitine
D338, ne sont pas encore disponibles, et c'est donc vers des appareils
transitoires comme le Wibault 283T que la compagnie se tourne.
C'est dans
ce contexte que la société Potez propose à
Air france le Potez 620. Celui-ci est dérivé de
son bimoteur Potez 540 qui répond au programme B.C.R (Bombardement
/ Combat / Reconnaissance). Ce bimoteur apprécié
par ses capacités de vol et sa maniabilité possède
cependant des performances moyennes.
Le Potez
62 reprend donc l'aile du Potez 540. Sa structure métallique
est construite autour de deux longerons en Duralumin, sans volets,
le tout revétu par un entoilage en toile de lin. Les nacelles
moteurs et le train d'atterrissage escamotable sont très
proches de ceux du Potez 540. Il est motorisé par deux
Gnome-Rhone radial 14Kdrs/Kgrs de 14 cyl de 850 cv au décollage
entrainant des hélices tripales métalliques à
pas fixe. Le fuselage est en bois et est découpé
en plusieurs parties : le poste de pilotage biplace, les toilettes
et le poste du steward. Viennent ensuite une cabine pour 6 passagers
et une seconde pour 8 passagers. A l'arrière de l'appareil,
on trouve une soute à bagages. L'appareil est confortable
: il est en effet équipé de chauffage et d'une bonne
insonorisation.
Le 12 Septembre
1934, Air France commande 6 appareils à la Sté Potez,
le premier devant être livré dès le 1er décembre
1934 et le dernier avant le 1er juin 1935. Suite à des
évolutions demandées par Air France, ce n'est que
le 28 Janvier 1935 que le Potez 662 fit son premier vol. Les essais
se déroulent bien, et immatriculé F-ANPG, il est
livré à la Compagnie Air France en Avril 1935, rejoint
rapidement par le 2eme appareil immatriculé F-ANPH avec
un premier vol commercial sur la Ligne Le Bourget-Marseille le
22 Mai 1935. Entre temps, Air France confirme une commande de
12 appareils.
Des problèmes
de fiabilité apparaissent rapidement, liés à
un mauvais refroidissement et à une qualité médiocre
des moteurs Gnome-Rhone 14K. Ainsi, le 10 décembre 1935,
le F-ANPH pris dans une tempète de neige, voit son moteur
gauche s'arrêter suite à une chute de pression d'huile.
L'appareil s'écrase près d'Auxerre : même
si on ne déplore que des blessés, cet évenement
cloua au sol tous les Potez 620 jusqu'en Janvier 1936. Les moteurs
Gnome-Rhone 14K sont donc remplacés sur le No8 par
des moteurs Hispano-Suiza 12X, de 12 cylindres en V de 720 cv
entrainant des hélices tripales métalliques à
pas variable : ainsi motorisé, il fait son premier vol
le 15 novembre 1935. Les appareils suivants seront modifiés
de la sorte et prendront l'appellation Potez 621.
Ainsi motorisé,
dès mai 1936, le Potez 621 est mis en service sur le tronçon
Buenos Aires Santiago de Chili. Deux avions (F-ANQN "Aguila",
et F-ANQQ "Falcon") assureront avec régularité
cette liaison jusqu'à l'armistice du 25 juin 1940. Si la
trace du "Falcon" disparait à ce moment, "l'Aguila",
stocké tout dabord à Buenos Aires sera vendu en
mars 1942 à la nouvelle compagnie Uruguayenne Pluna. Il
assurera des services entre Montevideo et Buenos Aires, jusqu'en
1946, avant d'être remisé, puis détruit en
1947.
Dès
la déclaration de guerre, en septembre 1939, neuf Potez
620/621 d'Air France sont réquisitionnés. Ils seront
affectés aux Sections d'Avions de Transports (SAT) 8/110
et 9/110, basées au Bourget. Durant l'hiver 1939/40, ces
appareils sont intégrés dans un plan prévoyant
un transport de troupes vers la Hollande en cas d'invasion Allemande
par ce pays. Finalement le plan est abandonné, et les Potez
620/21 reprennent leurs missions de liaisons.
Après l'attaque Allemande du 10 mai 1940, ils sont notamment
utilisés pour le transport du personnel et du matériel
des Groupes de Chasses, qui doivent fréquemment changer
de terrains, poussés par l'avance Allemande. Cependant,
ces appareils, vétustes et manquant de pièces de
rechange, sont fréquemment indisponibles.
A l'Armistice, les unités de transports sont dissoutes,
et les Potez 620/621 sont retransférés à
Air France, bien que les vols ne soient pas encore autorisés.
La France
Libre récupère endommagé, le Potez 621 F-ANQS,
ex Air France sur le terrain de Damas. Remis en état de
vol et ré-immatriculé "OD-AAJ", il est
mis à disposition du Gouverneur du Levant, au Liban.
Air france
recevra finalement 8 Potez 620 et 15 Potez 621, dont 6 en version
long-courrier.