Le 15 Janvier 1934, le
dewoitine D.332 Emeraude s'écrase dans le Morvan. Cette
catastrophe aura des conséquences sur la conception en
cours des successeurs du D332. Les services techniques revoient
leur cahier des charges et exigent une facteur de charge de 7
au lieu des 5 demandés jusqu'alors. Ceci impose un renforcement
substantiel de la structure des appareils, avec notamment une
voilure renforcée. Le constructeur en profita pour apporter
d'autres modifications : une soute à bagage est rajoutée
derrière le moteur central et à la demande d'Air
France qui souhaite pouvoir réaliser des vols Casablanca-Dakar
sans escale, 3 réservoirs supplémentaires sont ajoutés
dans le fuselage. Ces deux modifications imposent de rallonger
le fuselage par rapport au D.332. L'aile subit bon nombre de modifications
également : les moteurs sont rapprochés du fuselage
et leur capotage est mieux caréné. Les 4 réservoirs
sont dorénavant implantés dans la voilure et a la
demande d'Air France, les volets ont été optimisés
afin de réduire la vitesse d'atterrissage de 20km/h. Avec
toutes ces modifications, l'appareil pris le nom de Dewoitine
D.333.
Le Dewoitine D.333 se présentait
donc comme un trimoteur commercial à aile basse et train
fixe de construction entièrement métallique. Son
équipage se composait de 3 personnes : deux pilotes et
un Radio et l'appareil pouvait emporter 8 à 10 passagers.
Il était motorisé par 3 Hispano-Suiza 9Vd, de 575
cv de 9 cylindre en simple étoile entrainant des hélices
bipales métalliques à pas fixe Il pouvait emporter
un total de 4355l d'essence ce qui lui assurait une confortable
autonomie de plus de 2000kms.
Air France commanda donc
3 appareils, y compris le prototype.
Ces évolutions retardent
le projet et ce n'est que le 17 Janvier 1935, que le prototype,
immatriculé F-AKHA fait son premier vol. Les essais sont
satisfaisants, la voilure renforcée rendant le D.333 plus
agréable à piloter que le D.332, avec toutefois
une instabilité longitudinale qui sera corrigée
par l'agrandissement de la dérive.
Le prototype est livré
à Air France le 4 Mai 1935 sous l'immatriculation définitive
F-ANQA. Les deux appareils suivant, le D 333-1 F-ANQB "Cassiopé"
et D 333-2, F-ANQC "Altair" volèrent respectivement
en Mai 1935 et en mars 1936.
Les premiers vols commerciaux
du nouvel appareil commencèrent à partir de mai
1936, sur la ligne Toulouse-Casablanca-Dakar. C'est au cours d'un
de ces vols que le D.333 F-ANQA "Antarès" , pris
dans un violent orage, disparut au large du Maroc le 25 Octobre
1937 lors du voyage retour : il n'y eu pas de survivants (5 personnes).
En décembre 1937,
les deux D.333 restants furent affectés par Air France
sur les lignes du réseau d'Amérique du Sud pour
la liaison entre Buenos-Aires et Natal. Le "Cassiopée"
fut basé à Rio de Janeiro, et "l'Altair"
à Buenos Aires.
A l'Armistice, les autorités
Argentine, poussées par les Etats-Unis, saisissent les
les D.333 et D.338 qui sont stockés sur place. Les appareils
seront vendus fin 1943 à l'Armée de l'air Argentine,
et intégrèrent le 17 Janvier 1944 sous les matricules
T-172, ex F-ANQB Cassiopée et T-173, ex F-ANQC Altair le
2eme Régiment de Transport, basé à El Palomar,
près de Buenos Aires. Ils resteront en service probablement
jusqu'en juillet 1946.