En 1935, Marcel Bloch lance
l'étude d'un bimoteur de transport moderne extrapolé
de son bombardier bloch MB210, qui fit son premier vol en novembre
1934. Le nouvel appareil reprend en effet l'aile, la motorisation
et l'empennage du bombardier. Désigné Bloch MB220,
il se présente comme un monoplan à aile basse cantilever
de construction métallique, motorisé par deux Gnôme
Rhône 14 Kirs/jrs entrainant des hélices tripales
à pas variables et disposant d'un train rentrant. Air France,
qui souhaite moderniser sa flotte, commande et finance le prototype
à la Sté Bloch. La construction fut rapide grace
à l'utilsation d'éléments déja existants,
et le 11 Juin 1936, le prototype fit son premier vol à
Villacoublay. L'appareil peut atteindre une vitesse maximale de
350km/h avec une vitesse de croisière de 280km/h, et une
autonomie de 1400 kms.
Air France confirma donc
son intérêt pour l'appareil, et commanda 16 appareils,
les cinq premiers devant être livrés avant fin juin
1937. La sté Bloch construit les appareils dans ses ateliers
de Courbevoie et Mérignac, et Air France se charge de l'aménagement
intérieur. Celui-ci est traité avec soin : les passagers,
répartis en deux cabines de 6 et 10 passagers disposent
d'une bonne insonorisation, du chauffage, de ventilation individuelle
et de sièges "Pullman" à dossier réglable.
L'équipage se compose du pilote et copilote, d'un steward
et d'un radio.
Tous les appareils fabriqués
seront livrés à Air France qui donnera un nom de
région française à chacun d'entre eux, le
dernier étant livré en juin 1939. Les appareils
de série diffèrent du prototype par l'allongement
du fuselage (34cm) pour accroitre les capacités d'emport
du MB220 et par l'adoption de moteurs Gnôme Rhône
14N plus fiables que les 14K, même s'il s'avéra à
l'usage, que ces moteurs souffraient de problèmes de qualité
de fabrication, déboires qui paradoxalement, n'existeront
pas sur les moteurs identiques fabriqués sous licence en
Roumanie...
Air France mis donc en
service le nouvel appareil, tout d'abord sur la ligne Paris-Lyon-Marseille
le 20 Juillet 1937, avant de l'utiliser sur des lignes européennes
vers Londres, Copenhague, Stockholm, et plus à l'est vers
Prague, Budapest,... C'est un Bloch MB 220, le F-AOHJ "Poitou"
qui transporta Edouard Daladier, le Président du conseil,
pour son déplacement à Munich en novembre 1938,
lorsqu'il alla signer avec Chamberlain les accords de Munich,
abandonnant ainsi la Tchécoslovaquie à Hitler.
En septembre 1939, l'Armée
de l'air manquant cruellement d'avions de transport, réquisitionna
de nombreux avions civils dont les Bloch MB220 d'Air France, excepté
trois appareils que la compagnie réussit à conserver
pour sa ligne vers Marseille. Les avions intégrés
dans l'Armée de l'Air, reçurent un camouflage standard,
et seront utilisés dans les SAT (Sections Aériennes
de Transport). A l'Armistice, 13 Bloch MB220 sont recensés
en Zone libre, et les services réguliers peuvent reprendre
aux couleurs d'Air France. 3 Bloch MB220, présents en AFN,
seront capturés par les F.AF.L et effectueront sous les
couleurs de la croix de Lorraine, des vols réguliers Alger-Bône-Tunis.
Le 11 novembre 1942, les Allemands envahissent la Zone Libre et
s'emparent de nombreux appareils : 11 MB 220 seront ainsi capturés
et vendus à la Lufthansa qui les exploita jusqu'en juin
1944 sur des liaisons entre Berlin et Vienne.
Après la Guerre,
Air France continua à utiliser les 5 Bloch MB220 survivants.
Remotorisés par des Wright Cyclones R-1820-97
et désignés MB221, ils voleront jusqu'à épuisement
des pièces de rechanges.