En
1934, la Compagnie Aérienne SABENA (Société
Anonyme Belge dExploitation de la Navigation Aérienne),
commande auprès de la Société Dewoitine,
un avion pour ses lignes aériennes au Congo. La Sté
Dewoitine répond avec ce qui devait être le D335B,
qui est une version agrandie du D332. Mais suite à l'accident
de ce dernier en Janvier 1934, la conception du nouvel appareil
est revue : la résistance structurelle de l'avion est renforcée,
et il devient le D338. Cette reconception entraina cependant des
retards conséquents pour le projet, et la Sté SABENA
annula sa commande. L'assemblage du prototype est cependant trop
avancée pour que Dewoitine l'abandonne, et la construction
se poursuit sur fond privés avec l'espoir d'intéresser
d'autres compagnies aériennes comme Air France
L'appareil
est un monoplan entièrement métallique à
aile basse et train rentrant partiel : les roues dépassent
des nacelles pour protéger la cellule en cas d'atterrissage
train rentré. Il est motorisé par 3 moteurs Hispano-Suiza
9V à refroidissement par air de 9 cylindres en étoile
de 650 cv au décollage, entrainant des hélices bipales
métalliques à pas variable. Le fuselage est de section
rectangulaire permettant d'accueuillir 3 passagers de front. L'équipage
est composé de 3 personnes, deux pilotes, et un radio,
avec l'ajout d'un mécanicien pour les voyages longs courriers.
Le nombre total de passagers est variable suivant les vols : 22
passagers pour les vols européens, 15 sur les liaisons
Toulouse-Dakar, et 8 à 12 passagers sur les lignes d'Extrème-Orient
(2000 kms). L'appareil présentait un certain confort avec
une insonorisation soignée et un chauffage efficace.
Le
prototype, immatriculé F-AOZA et surnommé «
Clémence Isaure », fit son son premier vol le 9 aout
1935. Rapidement, des problèmes d'instabilité longitudinale
apparaissent et différentes configurations aérodynamiques
sont testées en soufflerie avant de trouver un compromis,
les principales modifications concernant les empennages et les
raccords de voilure.
Comme
l'espérait Dewoitine, Air France fut effectivement intéréssée
par l'appareil et acheta tout d'abord le prototype en mai 1936,
avant de passer plusieurs commandes pour 28 autres D338. Le dernier
exemplaire livré fut le F-ARIH, "ville de Karachi"),
pris en compte par Air France le 18 juillet 1939. L'Armée
de l'Air commanda également 10 appareils, mais seulement
deux appareils seront livrés ( Immatriculation R-244 et
R-245). Au total, 31 D 338 furent construit, y compris le prototype.
Le
prototype effectua la première laison commerciale sur la
ligne Paris-Lyon-Marseille le 13 Juillet 1936. A la fin de 1937,
Air France dispose de 4 Dewoitine D338 et 16 à la fin du
mois d'août 1938.
En janvier 1938, le D.338 No1 F-AQBA ouvre la liaison France-Indochine
avec un vol Marseille-Hanoi, prolongé en Aout jusqu'à
Hong Kong par le D.338 No6 F-AQBF.
Fin 1938, une liaison Tunis, Tripoli, Benghazi, Le Caire, Lydda
et Beyrouth est mise en place. A l'été 1939, 9 D.338
assureront une liaison hebdomadaire.
Ces premiers vols confirmèrent le manque de stabilité
longitudinale, ce défaut étant principalement lié
à la section rectangualire aplatie du fuselage. Le D.338
No11 F-AQBK reçut donc 2 petites dérives sur
l'extrados du stabilisateur fixe et les ailerons sont renforcés.
Ces évolutions seront intégrées sur les avions
suivants.
En mars 1939, les D-338 No18 F-AQBR et No20 F-AQBT partent
en Argentine remplacer les D.333 No1 F-ANQB « Cassiopée
» et No2 F-ANQC « Altaïr » affectés
sur la ligne Natal-Buenos Aires. A l'Armistice, les autorités
Argentine, poussées par les Etats-Unis, saisissent les
les D.333 et D.338 qui sont stockés sur place. Les 2 D.338
seront vendus fin 1943 à l'Armée de l'air Argentine,
et sous les matricules les matricules T-170 et T-171, ils intégrent
le 2eme Régiment de Transport, basé à El
Palomar, près de Buenos Aires. Ils resteront en service
probablement jusqu'en 1946, 1947.
A
la déclaration de la guerre, l'Armée de l'Air réquisitionne
une douzaine de D.338 d'Air France, afin d'équiper 5 Sections
d'Avions Long Courrier (SALC), chaque section étant composée
de 3 appareils.mais faute d'utilisation concrête, nombre
d'entre eux reprendront rapidement leurs vols commerciaux. Après
l'Armistice, les allemands autorisèrent Air France à
poursivre ses vols commerciaux; De mai à juillet 1941,
lors de la campagne de Syrie contre les forces Alliées,
18 D 338 d'Air France, avec leurs équipages civils sont
de nouveaux réquisitionnés par l'Armée de
l'air de Vichy pour renforcer le GT II/15 (Groupe de Transport).
Ils établiront un pont aérien entre la France Métropolitaine
et la Syrie, pour transporter hommes et matériels de jour
comme de nuit. Trois D.338 seront détruits par des attaques
aériennes alliées, et trois autres seront saisis
par les Forces aériennes françaises libres.
Le 1er février 1943, la Lufthansa signe un contrat de location
qui porte sur 8 D-338, Les Allemands, sceptiques sur les qualités
de vol des Dewoitine 338, veulent effectuer des vols de performance.
C'est le No13 D-AYWT (puis D-AUAN par la Lufthansa) qui est
convoyé à Berlin le 14 avril 1943 pour y être
présenté en vol. Les pilote Français effectuent
une démonstration peu convaincante le 29 mai 1943 pour
dissuader les Allemands d'utiliser les Dewoitine. Air France ne
récupérera malgré tout jamais ses appareils.