En 1932, la Marine émet
un programme pour se doter d'un hydravion d'exploration lointaine,
pouvant opérer à partir de bases situées dans
les colonies.
Bien que ce soit le Breguet
Bizerte qui remporta la compétition, on commanda un prototype
de son malheureux concurrent, le Loire 70. Cette pratique, surprenante,
mais courante à cette époque, avait sans doute, pour
but de ne pas fragiliser plus l'industrie Aéronautique, en
essayant de maintenir en activité un peu tous les constructeurs...
Le prototype fut rapidement
construit et, motorisé par trois Gnôme Rhône
9Kbrs de 500 ch chacun, il fit son premier vol, le 28 décembre
1933. Mais comme souvent à cette époque, les services
techniques ont demandé maintes modifications et aménagements
qui ont considérablement retardé la mise en service
de l'appareil. Sept exemplaires sont commandés par la Marine,
mais ce n'est qu'en 1937, soit plus de trois ans après le
premier vol du prototype, que les premiers Loire 70 sont livrés
en unités...
Le Loire 70 de construction
bois et métal entoilé, est un hydravion à coque
centrale, et aile haute. L'équilibre au mouillage est assuré
par deux petits flotteurs sous les ailes. Il est maintenant motorisé
par 3 Gnôme Rhône 9Kfrs de 9 cylindres en étoile
montés sur des pylones. Ces moteurs, plus puissants que ceux
du prototype d'origne, développent 740ch chacun et entrainent
des hélices bipales métalliques. Deux des moteurs
prennent place classiquement sur la partie avant de l'aile, et le
troisème, placé au centre de l'aile en partie arrière
est propulsif.
Le fuselage est d'un dessin
particulièrement complexe, avec de nombreuses surfaces vitrées.
L'armement défensif, composé de mitrailleuses Darne
de 7.5mm est réparti sur 5 postes. 2 mitrailleuses dans la
partie avant du fuselage, 1 mitrailleuse de chaque côté
de la partie avant du fuselage, 2 en postion dorsale arrière
et enfin une installée en partie ventrale, juste derrière
la coque. Cette postion, peu pratique, obligeait le mitrailleur
à démonter son arme avant chaque "décollage"
ou amerrissage.
L'armement offensif comprend
soit 600 kgs de bombes soit 4 grenades ASM de 75 kgs, le tout installé
sous les ailes.
Les premiers appareils furent
donc livrés fin 1937, à l'Escadrille E7 basée
à Karouba. Leur mission était de patrouiller au-dessus
de la méditérannée, et éventuellement
d'effectuer des bombardement. Autant dire que ces appareils, bien
trop lents et déja démodés à leur arrivée
en unité, manquaient totalement d'efficacité dans
ce dernier type de mission. Avant l'entrée en guerre, ils
réalisèrent cependant leurs missions de surveillance
de la Marine de Mussolini en méditerrannée. Les livraisons
s'étalèrent jusqu'au milieu de l'année 1938,
date à laquelle l'Escadrille E7 comptait 8 Loire 70, dont
le prototype remis au norme des appareils de série et livré
en unité. Le Loire 70, plutôt fragile, était
victime de nombreuses pannes ou défaillances, notamment au
niveau de la coque, des supports moteurs ou même des moteurs
: à la déclaration de la guerre, en Septembre 1939,
seuls 5 appareils étaient encore présents à
l'Escadrille E7. Le 12 Février 1940, suite à deux
accidents, le Loire 70 fut interdit de vol, et remplacés
par des LeO H43, guère plus efficaces...
La carrière opérationnelle
de cet hydravion fut donc brêve et sans éclat ! Son
seul contact avec l'ennemi Italien lui fut fatal : les appareils
de la Régia Aeronautica bombardent le 12 Juin 1940, la base
de Karouba où sont mouillés 4 Loire 70. Trois d'entre
eux furent détruits et le quatrième, semble avoit
pu décoller. Le dernier Loire 70 sera ferraillé peu
après.