Fin 1937, il devint évident
que l'industrie aéronautique Française n'était
pas à même de fournir à l'Armée de
l'Air, les chasseurs modernes dont elle avait tant besoin. Le
cahier des charges du plan "V" semblait utopique, et
c'est donc logiquement vers les pays étrangers que le ministère
de l'air se tourna pour tenter de combler son retard. Des démarches
en Europe ont abouti à l'achat d'appareils peu satisfaisants
tels que le Koolhoven FK58 Hollandais, mais seuls les Etats-Unis
semblaient pouvoir répondre à notre besoin. Des
tractations non-officielles ont démarré dès
la fin 1937, pour l'acquisition de plusieurs centaines de chasseurs
modernes.
A cette époque
le Curtiss P36 venait d'être évincé par le
Seversky P-35 dans le concours pour l'équipement de l'USAAC.
C'est donc le Curtiss P36 qui devient Curtiss H75 àl'exportation,
qui va être choisi par les services Français. Les
négociations furent assez longues : le prix du Curtiss
H75 était en effet très élevé en comparaison
des productions nationales comme les Morane
MS406 ou Bloch MB152, mais
les tensions en Europe laissèrent peu de choix aux émissaires
Français... Un premier contrât pour l'achat de 100
Curtiss H75 A1 (voir "Version") fut donc signé
en Mai 1938. Après essais par des pilotes Français
à Buffalo, les premiers Curtiss H75 A1, remis aux standards
Français, arrivent démontés en France en
Décembre 1938. Ils sont directement acheminés vers
l'Usine de Bourges chargée de l'assemblage. La situation
en Europe se dégrade après la crise de Munich, et
de nouvelles négociations sont lancées avec les
Etats-Unis en vue d'acquérir de nouveaux appareils. Le
choix se porta sur le Curtiss H81, qui deviendra le curtiss P40,
mais les retards de livraison des moteurs Allison de cette version,
amenérent à choisir finalement le Curtiss H75 A2,
version améliroée du H75 équipée d'un
moteur et d'un armement plus puissant. Une nouvelle commande de
100 machines est passée..
En septembre 1939,
l'intégralité de la commande a été
honorée, et les premiers Groupe de Chasse sont équipés
dès Mars 1939 : GC I/5, GC
II/5, GC I/4, . Après
la déclaration de Guerre, en Septembre 39, la France se
tourne à nouveau vers les Etats-Unis pour une troisiéme
commande. Le contexte est cependant plus difficile avec une France
dorénavant en guerre, les Etats-Unis maintenant neutres,
et un prix unitaire du Curtiss H75 encore plus élevé...
Une commande est finalement passée pour la fourniture de
530 Curtiss H75 A3, et 100 nouveaux Curtiss H81 (P40) maintenant
disponibles. Les premiers Curtiss H75 A3 arrivent en France en
Mars 1940. Seule une partie de la commande peut arriver à
temps sur le territoire national : une partie coule en mer, le
reste est détourné aux Antilles pour y être
stocké, ou à Casablanca au Maroc. Quant à
la version H75 A4, moins d'une dizaine d'appareils arrivent en
France, trop tard pour prendre part aux combats.
A la signature de
l'Armistice, tous les Groupes de Chasse équipés
de Curtiss H75 se réfugient en Afrique du nord. On y recense
186 appareils environ, alors que 45 autres sont restés
en métropole.. Les GC I/4,
GC I/5 et GC
II/5 furent conservés dans l'Armée de l'Air
de Vichy, et sont basés respectivement à Rabat,
Casablanca et au Maroc. Ces groupes eurent à affronter
les avions alliés lors de la regrettable affaire "Mers
El Kébir", et des raids de représailles qui
suivirent. Après le ralliement aux Forces Françaises
Libres, Les Curtiss H75 vieillissant finissent leur carrière
dans les écoles de chasse, ou dans des missions secondaires.
Le bilan final de
l'utilisation du Curtiss H75 pendant la campagne de Frances'èlève
à 275 victoires sûres et 96 problables pour la perte
de 35 pilotes environ. Certains pilotes s'illustreront à
son bord tel Edmond Marin la Meslée,
l'As des As français avec ses 16 victoires.
Cet appareil était
apprécié de ses pilotes pour sa facilité
de pilotage, son large cokpit, et sa stabilité générale
qui en faisait une bonne plate-forme de tir. Par contre, son armement
était bien trop faible : 4 mitrailleuses de 7.5mm , 6 pour
les dernières versions, et son moteur, quoique fiable et
robuste, n'était pas assez puissant. Sa protection était
perfectible, avec notamment les réservoirs non protégés.