En 1933, la Marine émet
une spécification visant à remplacer son hydravion
torpilleur Latécoère 290, en service depuis 1931.
Le nouvel appareil devait être capable d'être utilisé
à partir de plan d'eaux, ou d'être embarqué
à bord du porte-hydravion "Commandant Teste". Sa
vitesse doit être supérieure à 245 km/h et il
doit pouvoir monter à 2000m en moins de 12 minutes. La société
Latécoère propose logiquement un successeur au Laté
290, le Laté 298. Les études durent deux ans et le
prototype Latécoère 298.01 fait son premier vol le
8 mai 1936
L'appareil, d'aspect moderne
et d'un dessin assez fin, a été soigneusement étudié
en soufflerie. C'est un monoplan à aile médiane de
construction majoritairement métallique. Les ailes, partiellement
entoilées, sont plus effilées que celles de son prédecesseur
et sont de forme triangulaire. Les empennages sont en bois entoilé.
Le fuselage, de section ovoide, est entièrement métallique.
Les 3 hommes d'équipages prennent place sous une verrière
fermée. Le Laté 298 est motorisé par un Hispano-Suiza
12Ycrs-1 de 880 ch entrainant une hélice tripale métallique
à pas variable. Ses deux flotteurs, reliés au fuselage
par des mats, contenaient chacun un réservoir de carburant
pour une contenance totale de 1100 litres.
Le Latécoère
298, hydravion torpilleur, pouvait donc emporter une torpille de
calibre 400 mm. Il pouvait également être utilisé
comme bombardier en recevant cette fois soit deux bombes de 75 kg
soit une de 150kg. Son armement défensif était composé
de deux mitrailleuses de 7.5 mm dans les ailes et d'une troisième
montée sur affut mobile au poste arrière. Le canon
Hispano-Suiza de 20mm placé entre les cylindres (comme un
D520 ou un MS406) était initialement prévu, mais le
surplus de poids était trop important et il fut abandonné.
Les essais sont satisfaisants
: l'appareil atteint 285 km/h et peut monter à 2000m en 7minutes,
ce qui répond complètement au cahier des charges initial.
Les modifications demandées sont donc mineures : la verrière
est modifiée pour faciliter l'évacuation en vol et
pour améliorer la visibilité.
Une première commande
de 24 appareils est passée en août 1937, et les premiers
Laté 298 de série sont livrés en unités
à partir de l'automne 1938. 6 Escadrilles seront dotées
du nouvel appareil : les 1T (étang de Berre), 2T (Cherbourg),
3T, 4T, HB 1 et HB 2. Ces deux dernières, prévues
pour être embarquées sur le porte-hydravion "Commandant
Teste", opéreront finalement depuis des bases cotières
: le navire sera en fait utilisé pour le transport d'avions
et non comme base de départ pour hydravion.
Au 10 mai 1940, lors du déclenchement
de l'attaque allemande, environ 60 Latécoère 298 étaient
disponibles. Ils servirent majoritairement au dessus de la Manche
et de la Mer du nord, dans des missions de surveillance maritime
et de lutte anti-sous-marine. Ces appareils appuyèrent également
les troupes au sol et plus tard, lors du repli des unités
vers le sud, ces hydravions torpilleurs furent utilisés dans
des missions d'attaques d'objectif s au sol... Equipés de
bombes de 500 kgs, ils attaquèrent ainsi des colonnes blindés
ou des ponts. Face aux pertes, les appareils survivants ne feront
plus de missions de jour, mais certains seront encore engagés
dans des missions contre l'Italie, récemment entrée
en guerre.
A l'Armistice, les appareils
rescapés sont répartis dans les deux nouvelles unités
: les flotilles 6F basée sur l'étang de Berre, et
à partir de novembre 1940, à la 7F basée à
Dakar. En novembre 1942, après le débarquement des
alliés en Afrique du Nord, les Latécoère présents
en Afrique seront capturés et transférés aux
unités de la nouvelle Armée de l'Air Française
Libre qui les utilisera dans la lutte anti-sous-marine le long des
côtes africaines. En métropole, suite à ce débarquement
des alliés, les Allemands envahissent la Zone libre et saisissent
les appareils présents sur l'étang de Berre. Ils serviront,
aux mains des allemands, à des missions d'observation ou
de liaison.
A la fin de la guerre, les
Laté 298 survivants sont affectés à la 2S (basée
à Saint-Mandrier) ou à la 3S. Cette dernière
unité sera dissoute en 1946, après avoir été
basée un temps en Allemagne, sur le Lac de Constance. Ils
seront encore utilisé dans les combats pour la réduction
des poches de l'Atlantiques avant d'étre affectés
à la Flotille école 53S de Hourtin. Le dernier exemplaire
sera ferraillé en 1951.
La production totale de Latécoère
298 semble être comprise entre 130 et 170 appareils,, toutes
versions confondues.Le détail des versions est visible dans
la rubrique version ci-dessous