En Juin
1936, l'Armée de l'Air émet un programme C1, pour
un chasseur monoplace pouvant voler à 500km/h et armé
d'un canon et 2 mitrailleuses ou 2 canons. Ce programme est rapidement
modifié pour imposer une vitesse minimum de 520km/h, ceci
dans le but de ne pas disposer d'appareils dépassés
dès leur mise en service 2 ou 3 ans plus tard. Le D520
présenté par la société Dewoitine,
est retenu, tout comme le Morane 405,
le CAO 200. D'autres seront rattachés
ultérieurement comme le Bloch
152 et l'Arsenal VG33.
L'industrie aéronautique Française est alors en
pleine nationalisation, et la société Dewoitine
devient la SNCAM. Tous ces changements retardent considérablement
la mise au point. Deux prototypes sont commandés le 3 Avril
1938, mais le premier ne fera son premier vol que le 2 octobre,
aux mains du célèbre pilote d'essais, Marcel DORET.
Il est motorisé par un Hispano-Suiza HS 12Y21 de 890Cv
avec, dans un premier temps, une hélice bipale en bois.
Il reçut rapidement une hélice tripale métallique,
mais les essais sont retardés à la suite d'un atterrissage
sur le ventre. Ces premiers essais ont abouti à la suppression
des radiateurs d'ailes au profit d'un radiateur ventral agrandi
afin d'améliorer les performances. Le deuxieme prototype
fait son premier vol en Janvier 1939. Il reçoit une verrière
coulissante, et son empennage est agrandi. Il rejoint le CEMA
de Villacoublay où il fut rejoint par le 3ieme prototype,
equipé maintenant d'un moteur HS12Y31.Celui-ci fit son
premier vol le 5 Mai 1939.
Une première
commande de 200 machines est lancée en Mars 1939, pour
une livraison entre septembre et décembre, avec 100 appareils
en service prévus à cette date. Les avions de série
sont légèrement différents des prototypes
: ils sont équipés de moteur Hispano-Suiza 12Y45
à compresseur de 945Cv au décollage, la bequille
de queue est remplacée par une roulette, et la visibilité
du pilote est améliorée. Mais comme souvent à
cette époque, les prévisions de livraisons sont
très optimistes. Des problèmes de mise au point
des armes et des problèmes de refroidissement moteur retardent
la production. Les premiers appareils livrés en Janvier
1940, vont équiper une escadrille d'expérimentation,
créée avec du personnel du GCI/3,
dans le but de terminer la mise au point. La production se poursuit
très lentement. Le 1er Avril 1940, 139 D520 ont été
fabriqués, mais seulement 32 sont livrés à
l'EAA301... Lors de l'offensive allemande du 10 Mai 1940, 228
étaient construits pour 75 livrés. Pourtant, à
cette date, la production battait enfin son plein, avec 100 machines
assemblées par mois, et à l'Armistice, 330 D520
ont pû être pris en compte. Le 10 Mai 1940, seul le
GC I/3 est équipé complètement,
le GC II/3 et le GC
II/7 sont en cours de transformation, bientôt suivis
par les GC III/3 et
GC III/6. tous ces Groupes de Chasse sont envoyés
en Afrique du Nord à partir du 10 Juin, dans le but de
mettre à l'abri, le maximum de Dewoitine D520. A l'armistice,
le 25 Juin 1940,437 Dewoitine avaient été construits,
106 seront détruits en combat, mais surtout par accident
: l'appareil est délicat en pilotage.
Après l'Armisitice,
les Allemands ont autorisé la reprise de la fabrication
des D520 pour équiper l'Armée de l'Air de Vichy
: 332 exemplaires supplémentaires sont ainsi fabriqués,
pour 500 prévus. Certains d'entre eurent à affronter
les forces alliés lors de l'opération "Torch"
en Novembre 1942 (débarquement des alliés en Afrique
du Nord).
Après la dissolution
de l'Aviation de Vichy, les D520 sont utilisés par les
Forces Françaises Libres en Afrique du Nord, puis plus
tard, sur le territoire Français, lors de la réduction
des poches de l'Atlantique. Les Allemands utilisérent également
nos D520 : certains pour l'entrainement de leurs pilotes, alors
que d'autres sont evoyés à leurs alliés Roumains,
Italiens, ou encore en Bulgarie. Enfin, après la guerre,
les D520 survivants sont transformés en double-commande
et restent en service jusqu'en 1953.
Le bilan de la brêve
utilisation de ce chasseur est plutôt flatteur : 108 victoires
probables et 10 sûres lors de la campagne de France pour
la perte de 26 appareils. Certains pilotes s'illustreront à
son bord, tel le sous-lieutenant Madon avec ses 10 victoires,
ou l'Adjudant-Chef
Le-Gloan qui abattit
5 ennemis en une seule sortie.
Cet avion, moins
docile qu'un Curtiss H75 par exemple,
demandait un vrai pilotage. Il était moins rapide que le
Messerschmitt ME109E, mais plus maniable
et plus rapide en piqué.
Le
Dewoitine D520 n'a été produit qu'en une seule version.
On peut citer cependant le D520 S qui fut élaboré
après l'armistice avec l'accord des occupants. Ceux-ci
ayant interdit d'utiliser les moteurs Hispano 12Y51 et 12Z jugés
trop performants pour équiper les D520 assemblés
après l'armistice, la seule voie d'amélioration
possible était l'aérodynamisme, et des modifications
discrétes de la motorisation d'origine
Le
bureau d'études de la SNCASE s'attacha donc à supprimer
toute trainée parasite. Les principales modifications sont
:
- Obturation
des logements de roues
- Remplacement
du radiateur d'huile par un échangeur
- Nouveau
carénage du radiateur d'eau
- Amélioration
des surfaces extérieures de l'appareil : orifices de
canons bouchés, zones charnières recouvertes de
toiles,..
- Mise
en place de nouvelles pipes d'échappements à réaction
: gain de 30 Cv
- Le
montage d'un compresseur "Szydlowski" à plus
grande vitesse avec un gain de 20 km/h
L'ensemble
de ces améliorations a permis de gagner 0.65 sur le 100
Cx avec une vitesse maxi espérée de 575 km/h. Les
essais du Dewoitine 520 N° 465 ainsi équipé
ont permis d'atteindre une vitesse maxi de 568 km/h à 6900m.
Bien
que ce prototype fit son dernier vol en aout 1942, certaines améliorations
comme le nouveau compresseur furent introduites sur les chaines
d'assemblage