En 1934, l'US Navy émet
un programme pour un appareil de reconnaissance Maritime et de Bombardement
en piqué. 10 Constructeurs y répondent dont 6 avec
des Biplans : nous sommes en pleine transition technologique et
les conceptions modernes cotoient l'ancien encore bien tenace...
La Société Vought propose le XSB2U-1. Cet appareil
d'aspect moderne, est un monoplan à aile basse à train
rentrant. Il reste malgré tout, entoilé à l'exception
du capot moteur. Il est propulsé par un Pratt & Withney
R-1535-78 en étoile de 700cv. L'appareil fait son premier
vol le 4 Janvier 1936. Mais au cours des essais, le prototype part
en vrille et s'écrase tuant les deux hommes d'équipages.
L'US Navy passe cependant
une commande de 44 SB2U-1, et les premiers exemplaires entrent en
service en décembre 1937. Cette commande est suivie d'une
autre pour 48 exemplaires dans la version légèrement
modifiée SB2U-2.
La société
Vought, sur fonds propres, réalise un autre SB2U-2 pour servir
de démonstrateur à l'international. L'appareil est
ainsi présenté, en Octobre 1938, au Salon Aéronautique
de Paris, au Grand Palais. La Marine Française est intéressée
par cet appareil résolument moderne, et un marché
est passé pour une livraison de 20 appareils d'exportation
sous la désignation Vought 156F. Une seconde commande de
20 appareils sera passée en Mai 1939. Et enfiin une dernière
commande en mars 1940 pour 50 exemplaires qui ne seront jamais livrés
en France, mais pris en compte par les Britanniques sous la désignation
"Chesapeake"
Les appareils remis aux normes
Françaises sont livrés sans armement : celui-ci est
mis en place par les services techniques Français. Cette
version adopte également des freins aérodynamques
sur l'extrados des ailes, équipement refusé par l'US-Navy.
Les appareils sont livrés en caisse et remontés à
Orly. A noter que l'US-Navy a refusé, pour des raisons confidentialité,
que Vought livre les appareils avec les fourchettes d'écartement
des bombes ventrales. Aussi les appareils Français ne pourront
emporter qu'une bombe de 75kg sous chaque aile...
L'Escadrille AB1, du porte-avions
Béarn, est la première unité à recevoir
le nouvel appareil en remplacement de ses vieux Levasseur PL-7.
Les Vought 156F sont livrés sans Radio, ni lance-bombe, mais
seront équipés au fil du temps, et l'unité,
opérant depuis des bases terrestres possède 12 appareils
opérationnels en Décembre 1939.
L'escadrille AB3, nouvellement
créée le 1er Décembre 1939, reçoit également
des Vought 156F. Etonnament, bien que le Porte-avion Béarn
soit retiré du service actif, les Vought 156F vont être
qualifiés pour appontage... Ce qui se fera sans difficulté
particulière.
Le 10 Mai 1940, l'AB3 subit
de plein fouet l'attaque Allemande : le hangar qui abritait tous
ses Vought 156F a été détruit par un raid au
petit matin, et aucun appareil ne sera sauvé. Les évènements
ne permettront pas de rééquiper à temps l'escadrille
: la Campagne de France est terminée pour l'unité...
L'Escadrille AB3, quant à
elle, participera à la campagne de France. Elle sera engagée
en Hollande, sans pertes dans un premier temps, mais le 20 Mai,
au cours d'une attaque sans protection de chasse, pour détruire
le pont de d'Origny Sainte-Benoite, 5 appareils seront abattus par
la chasse Allemande, entrainant la perte de 8 hommes : 5 morts et
3 prisonniers . L'unité poursuit ses missions dans le nord
avant d'être repliée sur Hyères à partir
du 10 Juin, pour contrer une attaque possible de l'Italie qui s'apprête
à rentrer dans le conflit. Le 15 Juin, 6 Vought 156F sont
détruit au sol par la chasse Italienne et le 18 Juin, aura
lieu la dernière mission avant l'Armisitice.
Trois appareils parviendront
à être évacués sur Bône, en algérie.
Les deux escadrilles AB1 et AB3, devenues 1AB et 3AB, seront dissoutes
dès Aout 1940, et les appareils seront stockés et
démontés. Sur les 40 Vought 156F initiaux, on recense
7 appareils survivants, dont 3 seront détruits par les Allemands
lors de l'invasion de la zone libre, et les autres disparaissent
en Afrique du nord, sans laisser de trace.
quand aux 50 Vought 156F
de la dernière commande, pris en compte par les Britanniques
sous le nom de "Chesapeake", ils connaitront une carrière
bien brêve : les anglais jugeront l'appareil trop peu performant,
et il ne servira jamais en combat sous les couleurs Britanniques.