En 1932, la
Marine émet un programme pour se doter d'un appareil de concept
peu connu à cet époque : le Bombardier en piqué.
Le bureau d'études de la Société Loire-Nieuport,
installé à Issy Le Moulineaux, conçoit, sous
la direction de Mr PILLON, un nouvel appareil, le LN 140-01 qui fera
son premier vol en Mars 1935. L'appareil ressemble étonnament
au Junker 87 "Stuka" allemand. Cette similitude est si frappante
que Mr PILLON sera sous l'occupation, accusé par les Autorités
Allemandes d'espionnage industriel, mais la chronologie des études
et du 1er vol sont en faveur de l'avion Français....
Le LN 140 est doté
d'ailes basses de forme caractéristique en "W ".
C'est un appareil biplace, entierement métallique, équipé
d'un train fixe caréné. Ce carénage, mobile,
servait aussi de frein de piqué.
Mais le premier prototype
sera détruit, le 8 juillet 1935, au cours d'un essai de bombardement
en piqué : le moteur, entrainant une hélice à
pas fixe, est cassé suite à un sur-régime lors
du piqué. Le pilote blessé, arrive cependant à
amerrir. Le deuxième prototype fait son vol en Novembre 1935.
Il sera perdu lors d'un essai identique le 15 Mai 1936. Son pilote,
Jean DECAUX, ne réussit pas à sortir du piqué
après avoir laché sa bombe, et l'appareil s'écrase
en mer. Le pilote est tué.
Malgré ces deux accidents,
la Société Loire-Nieuport, propose, dès 1936,
un nouveau Bombardier en Piqué, le Loire LN-40 qui "profites"
de l'expérience malheureuse du LN-140. L'aile reprend le
même dessin, mais le train d'atterrissage est maintenant semi-rentrant
et son carénage sert toujours de freins de piqué.
Le pilote l'actionne avant de piquer, et ces freins de piqué
lui permettent de limiter sa vitesse à 400km/h. L'appareil,
maintenant monoplace fait son premier vol le 6 Juillet 1938. Suite
aux essais, quelques modifications sont apportées : pour
améliorer la stabilité en lacet, la dérive
est agrandie, et deux petites dérives sont ajoutées.
Mais l'appareil est globalement bien né : il est facile à
piloter et est plutôt maniable. Il n'est bien sûr pas
exempt de défauts : il est par exemple impossible de piquer
avec un réservoir plein, et sa puissance faible ne lui permet
pas d'atteindre une vitesse maximale suffisante. Le Général
Vuillemin, Chef de L'Amrée de l'Air, demandera d'ailleurs
une version plus puissante, qui verra brièvement le jour
avec le LN42
Avant même le début
des essais, 6 Loire 40 avaient été commandés.
Ils seront tous remis remis au standard de production retenu sous
la désignation de Loire LN 401. 36 autres exemplaires seront
commandés en Février 1939 par la Marine, et les premiers
appareils sont pris en compte dans les unités à partir
du deuxième semestre de l'année 1939.
Les 4 premiers appareils
de pré-série seront livrés à l'Escadrille
AC1 pour évaluation et pour réaliser des tests d'appontages
sur le porte-avions Béarn
En parallèle, l'Armée de l'Air Française commande
40 exemplaires en version terrestres. Ces versions sont démunis
de crochet d'appontage et de système d'aile repliable. Ils
prendront la désignation de LN411. Mais finalement, dès
Octobre 1939, l'Armée de l'Air, jugeant les performances
du LN411 trop faibles, reverse 39 de ses appareils à la Marine.
Le dernier exemplaire est conservé et servira de base au
futur LN42 demandé par le Général Vuillemin.
Les 16 premiers LN 401 sont
livrés aux Escadrilles AB2 et AB4. Paradoxalement, ces appareils,
étudiés pour être embarqué, ont toujours
été utilisés à partir de bases terrestres....Lescadrille
AB4 reçoit, en avril 1940, des LN411 en remplacement de ses
LN401. Ceux-ci seront transférés à l'Escadrille
AB2, lunité de conversion de Lanvéoc-Poulmic
et la réserve de guerre de Cherbourg. Au déclenchement
de l'attaque Allemande, le 10 Mai 1940, les Escadrilles AB2 de Berck
et AB4 de Cherbourg, possédaient 12 appareils chacunes.
Du 15 au 18 Mai, les premiers
engagements de l'AB2 se déroulent sans pertes. Le 19 Mai,
11 appareils de l'AB2 accompagnés de 9 LN401 de l'AB4, attaquent
une concentration de Blindés au carrefour de Berlaimont.
Mais la DCA Allemande, en force, va massacrer les avions Français
: 10 des 20 appareils engagés ne rentreront pas... et les
rescapés sont tellement endommagés, que seul 3 d'entre-eux
pourront effectuer la mission prévue le lendemain.
Les deux escadrilles, décimées,
recevront quelques renforts matériels et humains, et seront
transférées à Hyères le 4 Juin. Après
la déclaration de Guerre de l'Italie, elles participeront
à quelques missions sur ce front.
Le 24 Juin, les appareils
survivants vont se poser à Ajaccio avant de rejoindre Bône
en Algérie. Renommées 2AB et 4AB, ces deux escadrilles
seront rééquipées en Gleen-Martin 167F. Les
Loie LN401 et LN411 sont stockés sur place.
En 1941, les autorités
Allemandes autorisent Vichy à assembler une petite série
de 24 LN401 et 411. Ceux-ci, fabriqués dans l'usine de Chateauroux,
seront construits à partir des éléments récupérés
après l'Armisitice. Il semble qu'une partie de ces appareils
aieété saisie par les Allemands lors de l'invasion
de la zone libre. Aucun d'entre eux ne survivra au conflit.
Il reste le prototype du
LN42, construit sur la base du dernier LN411 conservé par
l'Armée de l'Air. Cet appareil garde le fuselage du LN411,
mais reçoit un moteur plus puissant Hispano-Suiza 12Y51 de
1100 Cv. Les ailes en "W" sont abandonnées. Il
semblerait que le prototype ait pu réaliser quelques taxiages
et de courts vols d'essais avant d'être stocké jusqu'à
la libération. Equipé d'une nouvelle hélice,
il effectuera un vol le 24 Aout 1945, mais l'appareil est maintenant
démodé et inutile : il est abandonné.