Biographie
Source (Photos et texte) : Mr Freddy HOFFERT
BALAS Antoine Louis Marie est né le 8 janvier 1919 quartier du Bateau à Vals-les-Bains, canton dAubenas en Ardéche, et résidant à Saint-Martin-en-Coailleux dans La Loire. Il est le fils de Jean Baptiste Marie Joseph Balas industriel et de Marie Louise Joséphine Delubac, mais également le petit-fils de Marie Joseph Auguste Delubac industriel en soierie, et surtout inventeur, avec le comte Hilaire De Chardonnet, de la soie artificielle qui remplacera lutilisation des vers à soie.
Après des études supérieures il est toujours étudiant au début de la Seconde Guerre mondiale. Mais son sursis est annulé par le Décret de mobilisation générale du 2 septembre 1939 : ainsi le 4 octobre 1939 il entre à lEcole de lAir de Bordeaux-Mérignac.
Le 2 décembre 1939 il est engagé volontaire spécial à lIntendance Militaire de Bordeaux pour huit ans, au titre de lEcole de lAir de Bordeaux-Mérignac (élève-officier du cadre navigant par recrutement direct) à compter du 4 octobre 1939. Pour la petite histoire il fait partie de la Promotion « Pinczon Du Sel », aviateur français abattu le 16 octobre 1939 !
Le 20 mars 1940 il est nommé sous-lieutenant dactive cadre navigant, puis le 9 mai 1940 il obtient son brevet de pilote.
Le 1er juillet 1940 il est affecté à la Base Aérienne de Salon-de-Provence. Le 1er décembre 1940, il passe au Groupe de Bombardement 1/51 à Lézignan dans lAude.
Le 15 janvier 1941 il est transféré au Groupe 1/25 de la 25ème Escadre de Bombardement qui se trouve à Bizerte-Sidi-Hamed en Tunisie, équipée de Bloch MB 200 appareils robustes mais lents et surnommés par beaucoup "les cercueils volants".Ce Groupe 1/25 participera au bombardement de Gibraltar le 25 septembre 1940, puis à partir du 17 juin 1941 aux combats fratricides de Syrie qui se terminent le 14 juillet 1941, et où il se distingue en obtenant les citations suivantes :
A lordre de lArmée au 6 décembre 1941 :
- « Jeune officier plein d'allant. A effectué 11 missions de guerre du 17 au 30 juin 1941. S'est particulièrement distingué le 24 juin au cours d'un bombardement délicat en obtenant de très bons résultats malgré une vive réaction de la D.C.A ».Cette citation est accompagnée de l'attribution de la Croix de guerre avec palme.
A l'ordre de l'Aviation de Bombardement au 4 décembre 1941 :
- « Jeune officier pilote observateur ardent. Volontaire pour toutes les missions aériennes de guerre. S'est particulièrement distingué le 10 juillet 1941, au cours du bombardement de la station de pompage T4 ». Cette citation lui vaut l'attribution de la Croix de guerre avec Etoile de Vermeil.
Le 20 mars 1942 il est nommé lieutenant, puis il se mariera le 1er juillet 1942 et il aura un fils.
Après le débarquement Allié du 8 novembre 1942 sur les côtes d'Afrique du Nord, la 25ème Escadre se replie au sud d'Alger et passe sous commandement Britannique à partir du 24 janvier 1943. Elle participera ainsi à des bombardements contre l'Afrika Corps en Tunisie jusqu'en avril 1943, notamment avec des bombardements de nuit où le lieutenant Balas se distinguera encore avec la citation suivante :A l'ordre de l'Aviation de Bombardement au 17 mai 1943 :
- « Brillant Officier Commandant dAvion, plein dallant, énergique, obtenant toujours le maximum de rendement de son équipage, a confirmé ses brillantes qualités pendant les opérations de Tunisie, au cours desquelles il a effectué cinq missions de bombardement de nuit. Sest particulièrement distingué le 18 avril 1943 en obtenant des coups au but sur le terrain de La Marsa, malgré les réactions violentes la D.C.A. ennemie.
Deux fois cité. Totalisant 62 heures de vol de guerre en 28 missions ».Le 28 septembre 1943, la 25ème Escadre de bombardement embarque à Alger en direction de Liverpool en Angleterre, où les équipages Français, durant 9 mois, suivront une formation dans les écoles de la RAF suivant leur spécialité. Ces équipages sont ensuite intégrés dans les formations du Bomber Command de la Royal Air Force (RAF) pour former les 2 Groupes Lourds Français suivants :
· le Groupe "Tunisie", à partir d'éléments du Groupe de bombardement 1/25 et qui deviendra le squadron 347 de la RAF équipé d'appareils Handley Page Halifax type MK III.
· le Groupe "Guyenne", à partir d'une escadrille du Groupe de bombardement 2/25, et qui deviendra le squadron 346 de la RAF équipé aussi d'appareils Halifax.
Le Groupe "Tunisie" effectue sa première sortie le 28 juin 1944 depuis la base d'Elvington dans le Yorkshire, et les 2 Groupes Lourds Français effectuent des missions de bombardement contre les nids de bombes volantes dans le nord de la France. En juin 1944, ils participent aussi à la protection du débarquement de Normandie, puis en automne 1944 à l'appui des troupes Alliées en Belgique et Pays-Bas, et enfin au printemps 1945, aux bombardements des sites stratégiques en Allemagne. Du 1er juin 1944 au 25 avril 1945 les deux groupes Français effectueront 123 missions où 194 membres d'équipage perdront la vie. Le 8 août 1944, 7 Halifax du Groupe "Guyenne" et 6 du Groupe "Tunisie", avec 3 Spitfire d'escorte, ont pour mission de bombarder le "site des armes secrètes" de Fromentel (Pas-de-Calais), à 10 kilomètres à l'ouest de Saint-Omer. Il s'agit d'une rampe de lancement de V1.Cette formation de 16 appareils décolle à 18h51 d'Elvington, puis passe la côte au niveau de Gravelines.A la verticale de Watten (Nord), l'appareil Halifax MK III immatriculé NA529 L8-L du 347 squadron de la 2ème escadrille du Lieutenant BALAS est vu par un témoin mais il est déjà en difficulté, détaché du groupe car probablement touché par la défense anti-aérienne côtière. A Watten il est encore atteint par les défenses anti-aériennes locales très denses à cet endroit, et il se dirige vers Saint-Omer en suivant la vallée de l'Aa. Vraisemblablement de nouveau touché par les batteries de DCA de Wizermes ou de Setques, il arrive sur Lumbres (Pas-de-Calais) avec le feu à bord tout en perdant des morceaux, et au-dessus du centre ville une explosion, vraisemblablement d'un réservoir, détache l'aile gauche et l'avion part en vrille : le point d'impact devrait être le moulin de Monsieur Fatout et les maisons qui bordent la rue Anatole France. Mais bien que désemparé, l'appareil infléchit sa chute au-dessus des toits des maisons et s'écrase 200 mètres plus loin soit au bout de la pâture dite "du Tir à l'Arc", et l'aile gauche avec un moteur tombent le long de la rivière, près du moulin. L'autre moteur quand à lui, tombe au n° 7 de la rue Anatole France où, dans sa chute il abime légèrement la face arrière d'une maison.
Tout léquipage de cet avion était composé d'aviateurs des Forces Aériennes Françaises dont les noms suivent :- Adjudant Léonce MILLET pilote- Adjudant André David SIRE mécanicien- Lieutenant Antoine Louis BALAS commandant de l'avion et navigateur- Adjudant-chef Jean MEYER bombardier- Adjudant Jacques Jules DESRUMEAUX radio- Sergent Louis Georges ACEZAT mitrailleur supérieur- Adjudant Georges Santoni FLAMENT mitrailleur arrière.
L'adjudant Meyer avait sauté en parachute : il se pose dans un jardin mais les Allemands le mitraillent pendant sa descente et il est tué avant de toucher le sol.
L'adjudant Flament est retrouvé dans un jardin : il est recouvert de son parachute qui ne s'est pas ouvert.
Les autres membres de l'équipage sont morts car restés à bord de l'appareil.
Le lendemain matin, les Allemands procèdent à la mise en bière des victimes qui furent emmenées à Longuenesse. Le Lieutenant BALAS, l'adjudant MILLET et l'adjudant-chef MEYER sont désormais inhumés au cimetière des Bruyères à Saint-Omer (Pas-de-Calais). Les corps des autres aviateurs ont tout d'abord été inhumés au cimetière de Longuenesse (Pas-de-Calais), puis transférés dans le cimetière de leur commune d'origine. Le lieutenant Antoine BALAS obtiendra cette ultime citation, hélas posthume, à l'ordre de l'Armée Aérienne :« BALAS Antoine Louis Marie, lieutenant du Groupe de Bombardement 1/25, officier sorti de l'Ecole de l'Air alliant aux plus grandes qualités militaires et professionnelles une valeur morale exceptionnelle. A toujours été pour ses camarades un exemple de droiture et de discipline, pour l'équipage qu'il commandait, un modèle de courage et d'audace. Le 8 août 1944, au cours d'une mission en territoire occupé alors que son avion avait été durement touché par la Flack au-dessus des côtes Françaises et dans des conditions de vol difficile, n'a pas hésité à continuer sa mission en dépit d'une violente opposition de l'artillerie anti-aérienne qui, le prenant à partie l'a finalement abattu. A de ce fait trouvé une mort glorieuse avec son équipage dans l'accomplissement de son devoir ».Le 1er septembre 1994 au lieu-dit « Le Moulin Fatout », une stèle a été érigée par la commune de Lumbres à lendroit même où cet avion est tombé afin de conserver le souvenir de cet équipage.
Elle a été dévoilée le 1er septembre 1994 par Monsieur le Maire de la commune en présence de 2 veuves des membres de l'équipage, Mesdames Balas et Flament , et des anciens de ces groupes.
Freddy Hoffert le 29 avril 2025, daprès les Sources suivantes :
- « Archives Départementales dArdéche ».
- « Archives Départementales de La Loire ».
- « Service Historique de la Défense à Vincennes »
- « Un jeune aviateur ardéchois dans la tourmente de la seconde Guerre Mondiale».
- « Hommage aux aviateurs Ardéche-Drôme-Isère », daprès Paul Mathevet / Les vieilles Tiges.