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Journal de Marche du GB I/31

du 17 Mai 1940 à l'Armistice

 

 


Source : Mr Roger VERGNET, Fils de l'Adjudant-Chef roger VERGNET, Radio au GB I/31.

Ce Journal de Marche du GB I/31, a été réalisé par Mr Roger VERGNET, sur la base des notes laissées par son Père, complétées par des extraits du hors Série de la revue Aéro-Journal No 5 paru en juin 2003 "Le Bombardement Français, Tome I -1939 / 1940

18 Mai

Pas d'activité pour le GB 1/31

19 mai
Vers 6h30, une formation de bombardiers allemands attaque le terrain de Persan-Beaumont.
Le 1/12 s'en sort sans perte, mais on déplore un tué au 2/12 et deux autres au sein du GB 1/31
Le terrain est durement touché, au point que la mission prévue contre un rassemblement des chars près de Château-Porcien, doit être annulée.
Après avoir procédé à l'aménagement de deux bandes d'envol, le GB 1/31 est desserré en fin d'après-midi à Claye-Souilly.
20 mai
Le Léo 45 No 114 du GB 1/31 décolle seul pour attaquer des colonnes motorisées à la sortie de Saint-Quentin. Pris à partie par la Flak et par deux Messerschmitt 109, il parvient néanmoins à regagner Claye-Souilly. Le pilote, le Sgc Ajam est blessé et au sol, les mécaniciens dénombrent 134 impacts sur l'appareil.
Une nouvelle mission est ordonnée pour 19 heures.
4 Léo 45 sont chargés de bombarder les colonnes motorisées progressant sur la route d'Amiens à Albert. Un Léo 45, perdu en raison d'un fort brouillard est contraint de faire demi-tour et rentre avec ses bombes. Sur les trois qui exécutent la mission, deux sont interceptés par la chasse allemande :
- le No95 percute l'un des assaillants et l'entraine avec lui dans sa chute mortelle à Berny- sur- Noye. Les quatre occupants sont tués : Cne Moncheaux, Ltt Sudres, Sgc Quideau et le Sgc Sommesous.
- le No 106, dont un moteur a été incendié par la Flak, est achevé par un groupe de Messerschmitt 109. Il s'écrase à Lawarde-Mauger, mais l'équipage du Ltt Hourtic a eu le temps de sauter en parachute. Les quatre hommes sont tous grièvement blessés.
Au soir du 20 mai 1940, il ne reste plus qu'un seul Léo 45 au sein du GB 1/31.
21 Mai
L'unique avion du 1/31 encore en ligne quitte le terrain de Claye-Souilly pour Chartres.
28 Mai
Le Groupe de bombardement No6, (constitué du 1/12 - 2/12 -1/31 - 2/31 et 1/11) est à nouveau lancé dans la bataille.
Partis de Chartres vers 14 heures, trois Léo 45 du GB 1/31 sont attaqués par quatre Messerschmitt 109. Ces trois appareils parviennent à s'en sortir sans casse et à regagner le terrain.
29 Mai
Une fois n'est pas coutume, c'est à 8h40 que décollent les premiers bombardiers français. Opérant depuis la Beauce, les GB 1/31 et 2/31 sont moins gênés par les conditions Météo. Les neuf appareils (attribution non précisée) rattachés à ces deux groupes s'en prennent à des convois au nord Abbeville.
Nota : le No128, appartement au GB2/31 est touché par la Flak, l'avion s'écrase avec ses bombes à quelques kilomètres d'Abbeville. Seul le radio, Sgc Bozon réussit à sauter en parachute, avant d'être fait prisonnier. Le reste de l'équipage est tué.
30 Mai
Pas d'activité au sein du 1/31
31 Mai

Vers 16 heures deux Léo 45 du GB 1/31, en reconnaissance à basse altitude au-dessus d'Abbeville, sont interceptés par une importante formation d'appareils Messerschmitt 109 :
- le No 189, piloté par le Slt Cassegrain, soutient le combat pendant un quart d'heure. Il réussit à s'échapper et à regagner Chartres en dépit du fait que son avion est criblé de balles,
- le No 109 n'a pas eu cette chance ! Bien que gravement brulé au visage son pilote, le Sgc Verna, réussit à ramener son avion dans les lignes françaises avant d'effectuer un atterrissage de fortune à Angivilliers. Si le navigateur, le Slt Scavizi a été tué sur le coup lors de l'attaque, le radio (Sgt Desequelles) et le canonnier (Sgt Champenois) ont été très gravement touchés. Ils décéderont tous les deux à leur poste avant que l'avion touche le sol.

Vers 18h45 c'est au tour de six appareils du GB 2/31 et de deux Léo 45 du GB 1/31 d'intervenir autour d'Abbeville. Si ces deux derniers effectuent leurs missions sans incident, les appareils du 2/31 réduits à cinq, sont interceptés par la chasse allemande. Trois d'entre eux sont abattus.
A 19 heures deux Léo 45 (l'un appareil du GB 1/31 et l'autre du GB 2/31) effectuent un bombardement sur les concentrations de troupes près d'Abbeville. Malgré la Flak et une mauvaise visibilité, les deux appareils mènent à bien leur mission et regagnent leur terrain.
Triste bilan pour le Groupe 6 : en 16 sorties il a perdu 9 appareils et déplore 19 tués - 1 prisonnier - deux blessés graves.
1er juin : aucune mission offensive n'est exécutée dans la journée. Les différentes armées françaises encore debout se restructurent pour soutenir le choc de la " bataille du désespoir ". Les armées du Nord ayant été détruites, ils ne leur restent plus qu'une cinquantaine de divisions dont quatre blindées (300 chars environ) pour affronter les cent trente divisions allemandes sur un front de 540 kilomètres.
En vingt jours la France et les français étaient passés de la " drôle de guerre " à la vérité d'un temps qu'ils n'avaient pas voulu voir venir.
Ces quelques jours de répit sont mis à profit pour réorganiser une aviation de bombardement qui a été soumise à de rudes épreuves !
Nota : le Groupe 6 (auquel appartient le GB 1/31) est placé sous les ordres de la 3ème division aérienne de la ZOAE (Zone d'Opération Aérienne Est). Ses unités vont bénéficier d'un repos inespéré que les dures opérations de la veille justifient amplement.

3 Juin
Le GB 1/31 reçoit l'ordre de rejoindre le terrain de Châlon-Champforgueil.
En représailles aux raids contre la région parisienne, les unités réservées aux bombardements nocturnes (avions dits de transition : Farman 222 - Amiot 143 - Bloch 210) sont envoyés au-dessus de l'Allemagne. Cependant, ces unités nocturnes ne sont pas les seules, puisque le Grand quartier général a décidé d'engager le Groupe 6 sur les usines BMW à Münich. Cette action de représailles hâtivement ordonnée se résume en réalité à trois sorties pour le Groupe 6 :
- une au 1/12,
- la seconde 2/12,
- la dernière au 1/31. S'agissant du GB 1/31 celui-ci doit déclarer forfait dans la mesure où la lettre du jour, précisant les radiophares à utiliser, n'a pas été transmise aux équipages.
4 Juin
Aucune sortie pour le GB 1/31
5 Juin
La poche de Dunkerque étant liquidée, les armées allemandes se déploient entre la Manche et l'Aisne.
Le Groupe 6 est laissé sur la touche. Une sortie est prévue l'après-midi doit être annulée, l'ordre de mission étant arrivé trop tard ! La seconde prévue dans la soirée être annulée pour des raisons météo.
Quant à la mission confiée au GB 1/31, elle s'achève avant même d'avoir commencé. Sur les quatre appareils désignés, l'un tombe en panne à la mise en route et les deux autres lors du roulage. Le quatrième est contraint de faire demi-tour quelques minutes après son envol suite à de sérieux ennuis mécaniques.
6 Juin
La situation militaire commence à prendre une mauvaise tournure. Le front cède dans la journée entre la Manche et Amiens, et il est fortement ébranlé entre l'Aisne et l'Oise. Ne disposant d'aucune réserve, le GQGA (Grand Quartier Général Air) décide d'envoyer ses bombardiers à l'assaut des panzers, même si les équipages ne reçoivent aucun ordre de mission durant toute la matinée.
Nota : au Groupe 6 c'est un peu la panique… ! Sur les cinquante-huit Léo 45 réparties dans les quatre groupes existants, moins de la moitié est disponible. Et lorsque ces avions sont mis en route, des pannes inexpliquées surviennent brutalement. Ainsi sur les vingt-un appareils en état de vol du Groupe 6, seuls quatorze appareils ont pu être engagés vers 16 heures sur les secteurs de Chaulnes, Pressoir, Lihons en Santerre.
Au 1/31, sur les cinq avions prévus initialement, deux seulement sont parvenus à prendre l'air. La mission de bombardement a été accomplie sans difficulté, contrairement aux Groupes 2/31 et 1/12.
7 Juin
Dix appareils du Groupe 6 sont engagés tard dans la soirée autour de Ham.
Pas de précision sur le nom des unités participantes. Apparemment ces missions se sont déroulées sans problème à l'exception de deux avions :
- le No130 tombé en panne d'essence en rase campagne à St Paterne-Racan,
- le No 306, sérieusement touché par la Flak a perdu ses instruments de navigation. Totalement perdu, celui-ci se retrouve au-dessus des Sables d'Olonne, avant de se crasher en mer. Sur les quatre membres d'équipage qui ont sauté en parachute, trois se sont noyés ! Seul le canonnier, le Sgc Renard a pu être repêché vivant.
8 Juin
Douze Léo 45, appartenant aux quatre groupes, interviennent à la tombée de la nuit sur les mêmes objectifs que la veille à savoir : les différents carrefours routiers de Ham. Mission accomplie sans histoire.
9 Juin
Le Groupe 6 débute ses premières missions qu'à partir de 22 heures.
En tout, onze Leo 45 bombardent des carrefours à Mézières et Signy-l'Abbaye. Gêné par les tirs de la DCA française, un appareil du GB 1/31 s'égare et doit revenir au terrain sans avoir pu réaliser son bombardement.
10 Juin
Le Groupe 6 est à nouveau lancé de jour pour réaliser une série de bombardements sur la rive droite de l'Aisne. En raison de faux départs et ennuis techniques, seuls quatre Léo 45 du 1/12 et deux du 1/31 attaquent vers 15h15 une colonne de blindés signalée sur la D 26 entre Château-Porcien et Avançon à l'ouest de Rethel.
En dépit de la présence sur zone de Dewoitine 520 du Groupe de Chasse 2/7, le Léo 45 No 14 est abattu en flamme près de Tagnon. Les quatre membres d'équipage sont tués.
11 Juin
Le Groupe No6 est toujours confronté aux pannes et avaries de toute nature.
Sur les dix-huit appareils qu'il a prévu d'envoyer contre les blindés sur les axes Rethel - Neufchâtel, Rethel - Reims et Dormans - Château-Thierry, sept seulement réussissent à décoller. Pris dans un violent orage, ces sept avions sont contraints de se poser en urgence à Nevers avant de rejoindre le terrain de Châlon-Champforgueil.
12 Juin
Les jours se suivent et se ressemblent ! Le 1/12, confronté à de multiples incidents techniques, ne parvient pas à faire décoller trois de ses avions. Quant aux cinq appareils du 2/12, qui sont parvenus à prendre l'air, ils sont contraints de faire demi-tour en raison de pannes inexpliquées et d'une très mauvaise météo sur la zone.
Le seul appareil disponible au 1/31 est également contraint à rebrousser chemin en raison d'un plafond inférieur à 200 mètres et d'une visibilité très médiocre.
13 Juin
Pas d'activité au sein du 1/31 : un seul avion disponible.
14 Juin
Le mauvais temps ne permet aucune sortie au Groupe 6.
15 Juin
Dès le lever du soleil, deux Léo 45 du GB 1/31 attaquent des objectifs sur la RN 19 de Romilly à Méry-sur-Seine. En fin d'après-midi, ces mêmes Léo 45 attaquent à nouveau les avant-gardes ennemies près de Langres.
A l'issue de cette dernière mission, le GB 1/31 quitte le terrain de Châlon-Champforgueil pour rejoindre le terrain d'Arles-les-Chanoines.
16 Juin
Pas d'activité pour le 1/31.
17 Juin
Les GB 1/12 et 2/12 recoivent l'ordre de se tenir prêts à franchir la Méditerranée, tandis que les GB 1/31 et 2/31 doivent détacher dix avions, avec leurs équipages les plus aguerris, à Istres pour mener des attaques retardatrices contre les avant-gardes allemandes progressant dans la vallée du Rhône. Une mission entre Briançon et Genève est même ordonnée mais le mauvais temps en interdit son exécution.
18 Juin
Pas d'activité pour le GB 1/31. L'armée de l'Air redéploye l'ensemble de ses groupes dans le Sud de la France, et pour les modernes en Afrique du Nord (Blida - Oran - Sétif - Sidi-Rahal).
19 Juin
Pas d'activité pour le GB 1/31.
20 Juin
Il est prévu d'engager les GB 1/12 et 2/12, renforcés par trois Léo 45 du 1/31, pour ravitailler des troupes encerclées dans les Vosges. Un Léo 45, envoyé en reconnaissance, est contraint de faire demi-tour en raison des mauvaises conditions météo. La mission est annulée.
21 Juin
Tandis que l'essentiel du Groupe 6 débute son transfert en Afrique du Nord, six appareils (appartenant chacun aux GB 1/31 et 2/31), auxquels viennent s'ajouter trois avions du 2/12, sont chargés d'attaquer divers objectifs autour de Lyon-Bron et de Bourgoin (colonnes de blindés).
Seuls deux Léo 45 du 2/31 accomplissent leurs missions, les autres ayant été contraints de rentrer prématurément en raison du mauvais temps qui sévit sur la Drôme.
22 Juin
Pas d'activité pour le GB 1/31 en raison de la météo.
Dans la soirée, le Groupe No6 est informé que son transfert en Afrique du Nord est annulé en raison de la signature de l'armistice avec l'Allemagne.
23 Juin
Pas d'activité pour le GB 1/31.
24 Juin
Les GB 1/31 et 2/31 reçoivent l'ordre de rejoindre le terrain de Istres.
25 Juin
Le Gouvernement français a décrété une journée de deuil national. Cinq officiers et cinq sous-officiers des deux Groupes sont envoyés à ISTRES pour participer à une cérémonie au Monument aux Morts.